EXPOSITIONS à partir du 15 Juin

Sétois comme l’était d’adoption Pierre Soulages, Vincent Cunillère fut le photographe du peintre de l’outre-noir pendant les trente dernières années de sa vie. Un compagnon de route pour mettre en lumière son oeuvre prolifique.

Suite à la disparition de Pierre Soulages à l’automne dernier, Vincent Cunillère a légitimement tenu à lui rendre hommage cet été. Lui qui a mis sur un piédestal le peintre lors de leurs premiers échanges en 1993, conscient de son génie, créant ensemble les photos, traces et témoins devant l’éternel du maître.

Ainsi, Vincent Cunillère ouvre le 15 juin son centre d’art photographique Pierre Soulages dans le vallon de Marcillac, entre Rodez où se trouve le musée éponyme du peintre et Conques où vivent ses vitraux. Le photographe dévoile des photos inédites du peintre prises lors de sa dernière décennie. La beauté en est l’objectif, tant Pierre Soulages ne laissait rien au hasard. Le cliché étant là pour mettre en valeur son travail. Reprendre chaque trait, apporter le sens du détail pour recréer une vision de la peinture par la photographie.

2010-2022, les dernières photos de Vincent Cunillère symbolisent la portée du maître de l’outrenoir. La quête de lumière a été obtenue et les reconnaissances des plus grands musées du monde ont honoré le géant noir. Vient l’heure de l’hommage. De remettre de l’ordre avant de  partir. Laisser sa trace. Homme de mémoire et de maîtrise, Pierre Soulages a préparé son départ que le regard du photographe transmet. Une  mise en abîme où l’on voit le peintre vivre avec son œuvre, dans son  temps, lui qui en a été souvent en avance, du transcendant à l’immanent.  Pierre Soulages marche vers le tableau quand Colette, Madame Colette,  laisse apparaître ses pieds. D’une lumière à l’autre. De celle qui demeure invisible et partout en même temps. Indissociable. Comme des inséparables dont le sens de leur vie n’avait qu’un objectif : l’art.  Créer c’est exister. Et cela passe ici par laisser une trace. Marquer de son empreinte comme les premiers hommes qui ont tant inspiré le maître de l’outrenoir. Une mise en lumière nécessaire qu’a bien compris Vincent Cunillère en proposant ses ultimes photographies.

Une autre exposition est proposée. Là aussi inédite. Des photos issues de sa collection privée, dont certaines d’Arnold Newman, confiées par Colette, l’épouse de Pierre Soulages, qui permettent de découvrir la part intime du peintre. De remonter le cours de l’histoire.

L’intérêt, au final, de voir en vrai les originaux. Pour l’amateur en quête de beauté. De découvrir la sensibilité du peintre, son coup de pinceau à travers le grand angle du photographe. Comme un miroir pour symboliser l’outre-noir. Et par le prisme des imperfections choisies, toucher à la grâce. L’alchimie d’une oeuvre au noir pour atteindre la lumière, soit la vie.